Les profondeurs de Vénus – Derek künsken

Les profondeurs de Vénus est le troisième roman de Derek Künsken publié chez Albin Michel Imaginaire. C’est aussi le premier volet d’un diptyque, dont le deuxième opus n’est pas encore paru au moment où j’écris ces lignes. La traduction est de Gilles Goullet et la couverture de Manchu.

Dans la haute atmosphère de Vénus vivent quatre mille personnes réparties dans des centaines d’habitats. Ces Colons, venus pour les plus anciens du Québec, ont fait sécession avec leur pays d’origine. Ils sont représentés par une Assemblée coloniale composée des membres des différentes familles. Une grande partie de la colonie vit dans les couches supérieures de Venus, mais certains colons appelés coureurs des vents vivent eux beaucoup plus près de la surface. Ils exploitent des plantes transformées en petites usines afin de récupérer de l’eau, de l’oxygène et des métaux lourds pour les revendre ensuite. Suite à un conflit avec les dirigeants, la famille d’ Aquillon vit quasiment en autarcie dans les profondeurs de la planète. C’est dans ce contexte que le père et un de ses fils vont faire une découverte incroyable au cœur de Venus. Doivent-ils partager leur découverte avec l’Assemblée coloniale assujettie aux grandes banques ? Ou plutôt, entrer en dissidence face à ceux qui exploitent la colonie.

J’étais passé à côté des deux premiers livres de Derek Künsken, mais je vais rapidement me les procurer, car si c’est aussi bon que Les profondeurs de Vénus, il faut se jeter dessus !!

Vous l’aurez compris, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à la lecture. Derek Künsken nous fait parfaitement ressentir l’atmosphère dangereuse et énigmatique de Vénus. Dès les premières pages, le lecteur ressent les dangers constants auxquels doivent faire face les colons : les tempêtes, les pluies d’acide sulfurique, la pression atmosphérique incroyablement dense. La moindre erreur peut coûter la vie dans cet environnement hostile, où chacun des matériaux, chacune des ressources doit être utilisés de la manière la plus pragmatique possible. Il n’y a pas de place ou très peu pour les humains sur cette planète.
« Vue de loin, Vénus est belle et brillante. Vue de l’espace. De la Terre. De Mars. Mais elle ne veut pas qu’on la touche. Elle se sait laide, alors elle nous repousse avec de la chaleur et de l’acide » Page 300

Les profondeurs de Vénus, c’est aussi des personnages hyper bien caractérisés. La famille d’Aquillon est touchante, à la fois fragile et forte, brisée par un drame familial qui plane au-dessus du récit du début à la fin. Derek Künsken aborde plusieurs thèmes et enjeux de nos sociétés contemporaines,comme la transidentité, la sexualité ou le handicap. C’est très plaisant à lire, et cette diversité des protagonistes fait du bien. Que ce soit Marthe, la fille au caractère bien trempé ou son frère Georges-Etienne, le jeune ingénieur talentueux de seize ans seulement, ou encore Jean-Eudes, l’aîné de la famille, tous les personnages sont attachants. A tel point, que l’intrigue principale se retrouve parfois relayée au second plan.

Pour finir, une réflexion quand même sur les nombreuses expressions québécoises et le mots français qui jalonnent le récit. Ça ne m’a absolument pas dérangé dans ma lecture au contraire, j’ai même trouvé plutôt cool les « crisse » et les « tabarnak« . Mais je me demande comment le lecteur anglophone a reçu le livre. Est-ce qu’en V.O ça n’alourdit pas le récit ?

Avec Les profondeurs de Vénus, Derek Künsken nous propose un roman hard sf passionnant de bout en bout avec des scènes spectaculaires et des personnages attachants. Je ne connais pas bien l’histoire du Canada, mais il me semble que l’on peut aussi trouver dans le livre une métaphore de l’histoire des colons de Nord-du-Québec. Quoi qu’il en soit voilà un roman d’aventures humaines dont il me tarde de lire la suite.

Les profondeurs de Vénus, Derek Künsken, 544 pages, magnifiquement Traduit de l’anglais (Canada) par Gilles Goulet, illustration de couverture qui défonce de Manchu édité de main de maître dans la Collection Albin Michel Imaginaire par Monsieur Gilles Dumay (merci pour le SP), 24,90 Euros, Juin 2023

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